Le Vigneron - Lirac
----- Le Vigneron - Lirac -----
Lirac Cru des Côtes du Rhône
Doucement mais sûrement, le Cru Lirac se forge une identité bien à lui dans la sphère Côtes du Rhône.
Rencontre avec Alain Jaume, président de l'ODG.
"Un CRU, c'est un terroir et des hommes" voilà en substance le message délivré par Alain Jaume, à la tête de l'ODG Lirac depuis six ans. Derrière ces mots, il y a une dynamique qui a présidé à la création du Cru en 1947 mais qui s'est peut-être étiolée au fil du temps. Et, si le Cru reste encore peu connu malgré un fort potentiel qualitatif, ce n'est pas un hasard. "Une production hétérogène, le manque d'une vision commune et précise de ce que devait être un vin de Lirac s'est traduit par une impression d'un cru qui se cherchait" commente Alain Jaume. Une situation qui Lirac s'est inversée grâce au renouvellement des générations, au nombre croissant d'exploitations et de coopératives dynamiques. Après de longues réflexions avec le conseil d'administration et la Section interprofessionnelle d'Inter Rhône, celle-ci a missionné Etienne Laporte consultant et lui a fixé pour objectif de définir le positionnement des vins de Lirac. Si l'idée est partagée par les adhérents, la méthode, originale, pour y parvenir a pris du temps. "In fine, nous avons organisé des dégustations à l'aveugle de différents Crus de la Vallée du Rhône en demandant à chaque participant de donner un avis qualitatif et d'évaluer le prix des bouteilles. Dans 90 % des cas, les Lirac étaient plutôt bien placés en gamme, mais sous-évalués en prix" indique le président. La mise en place des ODG et raffinement du nouveau cahier des charges de l'appellation ont permis, aux viticulteurs et à l'Interprofession, d'aller vers une recherche constante de qualité et de conforter la typicité du Lirac.
Rigueur et qualité
"Parmi les principales mesures adoptées, il faut retenir l'obligation de trier la vendange, cette opération est essentielle certaines années pour obtenir des vins de qualité dignes d'un Cru. Cette pratique a toujours figuré dans le décret de Châteauneuf du Pape" indique le responsable, par ailleurs propriétaire du Domaine du Grand Veneur. La suite logique à la mise en place de la charte a été la communication avec la création d'une bouteille collective et interprofessionnelle "Lirac" facilement identifiable par son graphisme, à la fois traditionnel et contemporain. Cette bouteille est rattachée à une "charte qualité" complémentaire au cahier des charges de l'AOP," ce qui donne forcément un gage de valeur aux consommateurs" rappelle Alain Jaume. De plus, un contrôle qualité après mise en bouteille est réalisé auprès des opérateurs utilisateurs de la bouteille Lirac. Ces contrôles anonymes ont pour objectif de vérifier la qualité des vins commercialisés par millésime et d'informer chaque opérateur sur la perception de leurs vins, y compris lors de problème. En cas de manquements répétés, l'opérateur peut se voir retirer l'utilisation du contenant. Au-delà de la qualité du produit, le bouchage est aussi un élément important car un cru doit avoir un bon potentiel de garde.
Une meilleure signalétique
"Si nous voulons être crédibles, nos vins doivent être en adéquation avec l'image que nous souhaitons leur donner" insiste le responsable en indiquant que l'ODG s'est attaché les services de l'agence de presse Rouge Granit. "Plusieurs voyages de presse dans l'aire de production, à Paris ou Lyon, ont eu lieu avec quelques belles retombées média tiques. Cette action est loin d'être la plus facile car elle est basée sur du long terme et nécessite des budgets relativement importants". Côté ventes, à l'exception du marché vrac pas assez valorisé au regard des Crus de la Vallée du Rhône, où un effort est à faire en direction des négociants, les ventes conditionnées depuis ces dernières années sont en constante évolution et les prix moyens sont bien valorisés. L'export est le point fort de Lirac représentant 52 % des volumes avec une progression de 12 % sur les trois dernières années. "Le rôle du Syndicat est de gérer et de valoriser au mieux l'appellation avec un modeste budget au vu de son volume de production, confie le responsable. Localement, nous travaillons pour que les consommateurs situent mieux le territoire de Lirac. Un effort important en signalétique a été réalisé, et en partenariat avec la marne et le Comité départemental du tourisme du Gard, nous mettons en place des sentiers vignerons accompagnés d'actions oenotouristiques. Le territoire de Lirac possède de véritables atouts paysagers et historiques cachés dans les collines où se mélangent vignes et garrigues qui font le bonheur des visiteurs avides de curiosité, de calme et tranquillité. Enfin, le caveau de l'appellation, animé par deux collaboratrices, offre aux opérateurs la possibilité de présenter leurs vins aux visiteurs et consommateurs. Lirac est riche de son territoire. L'appellation s'assurera un bel avenir en poursuivant sur cette voie de rigueur et de qualité".